Ce sont loin d’être tous les romans qui demandent un plan ni tous les écrivains qui aiment cette approche.
En fait, vous êtes-vous déjà posé la question? Avez-vous besoin de ça, un plan?
Ma propre opinion à ce sujet n’est pas tranchée. Je me considère comme un hybride. Quelques-uns de mes projets ont été aussi prémédités qu’un cambriolage à la Ocean’s Eleven. Je pense entre autres à mes deux romans de science-fiction, soit Les limbes des immortels et La patience des immortels.
Le premier des deux livres avait une structure narrative inhabituelle — incluant des voyages dans le temps — qui demandait une précision chirurgicale dans les préparatifs. Le deuxième se construisait autour d’un punch final dont l’impact devait être maximal. Planifier méticuleusement ces romans m’a évité plusieurs crises de panique durant la phase d’écriture.
Mes livres dans la série Le silence des sept nuits ont eux aussi été planifiés dès le début, avec plus de souplesse. Je voulais produire des page turners : mes plans m’ont aidé à maintenir un rythme fidèle à ce style et à orchestrer mes chutes. J’ai modifié ces plans à mi-chemin, au gré des idées qui me passaient par la tête. Ça n’a eu aucune conséquence fâcheuse.
À l’inverse, certains de mes romans ont été improvisés du début à la fin, c’est-à-dire que j’ai commencé à écrire avec une idée de base, et puis je me suis lancé, sans filet, dans le premier jet. Ça a notamment été le cas pour Toi et moi, it’s complicated, Roman-réalité et Bienvenue à Spamville. Je voulais découvrir ces livres à mesure que je les écrivais, sans me conformer à un plan castrateur.
Donc, doit-on faire un plan? Il n’y a malheureusement pas de réponses claires à cette question. Doit-on se demander si on doit faire un plan? Ça, oui, absolument.
Il existe mille millions de façons de faire un plan
Cet article ne vous montrera pas comment faire un plan détaillé pour un roman. Les approches sont trop variées. Je veux surtout vous inviter à réfléchir à ce sujet. Devez-vous prévoir ce qui se déroulera dans votre histoire avant d’entreprendre l’écriture? Plusieurs des auteurs ne jurent que par les plans, alors que d’autres prétendent qu’ils tuent la créativité et qu’écrire en sachant le chemin à l’avance rend insensé tout travail artistique. Vision extrême, s’il en est une.
D’abord, qu’est-ce qu’un plan? Je dirais assez simplement que c’est la structure de l’histoire que vous allez écrire — ses grandes lignes directrices —, rédigée de façon plus ou moins précise.
(« Plus ou moins précise »… ça pourrait aussi s’appliquer à ce que je viens de vous dire.)
Le plan contient essentiellement un résumé de votre histoire décortiqué en chapitres et en unités narratives. Il sert à tracer un itinéraire : après avoir terminé le premier chapitre, vous n’aurez pas besoin de vous demander ce qui se passera dans le deuxième. Vous le saurez, et vous pourrez continuer le travail sans devoir vous arrêter.
Avantages et inconvénients des plans
Comme dans bien des choses, on peut peser le pour et le contre dans l’idée de prévoir son histoire à l’avance. Travailler avec un plan amène beaucoup d’avantages :
- Un plan accélère drastiquement le processus d’écriture : Travailler avec un plan permet d’économiser du temps. Beaucoup de temps. En ayant une structure solide entre les mains, vous risquez moins d’errer durant le premier jet.
- Il facilite l’écriture de romans complexes : Si vous prévoyez d’écrire un roman avec de nombreux fils d’intrigue, je vous recommande de travailler avec un plan. Ça réduira le risque d’erreur.
- Il simplifie le travail de réécriture : Quand les scènes d’une histoire sont préméditées, on a généralement moins besoin de revenir en arrière, durant la réécriture, pour ajuster la cohérence entre le commencement d’un livre et sa conclusion. Dès le départ, l’auteur a les chapitres finaux à l’œil.
- Il motive : Si vous écrivez avec un plan, vous saurez exactement quand votre roman finira. Vous serez donc capable de mesurer votre progression jour après jour.
- Il vous permettra d’écrire dans le désordre : Quand un éclair de génie vous traversera pour une scène prévue au chapitre 25, alors que vous serez en train d’écrire le 5e, pas de problème : vous pourrez bondir dans le temps et ajouter ce passage immédiatement.
Comme n’importe quoi, un plan ne vient pas qu’avec des clowns et des ballons. Cet outil s’accompagne d’inconvénients qu’il vaut mieux ne pas ignorer :
- Un plan fige la structure des récits : Bon, pas « totalement », mais un peu. Si, durant un premier jet, une nouvelle idée vous obligeait à reconsidérer votre itinéraire en entier, vous vous retrouveriez devant un dilemme. Vous pourriez ignorer cette idée (l’option paresseuse) ou l’intégrer. Sans plan, on ne se pose jamais la question.
- Il s’imposera devant votre folie créative : Si vous choisissez d’avancer au gré du vent, vos personnages feront absolument tout ce qu’ils veulent, tout le temps. Avec un plan, ils seront libres, certes, mais ils devront toujours agir dans un cadre préétabli. Ça ne donnera pas les mêmes résultats.
Aucun de ces inconvénients n’est insurmontable. Si vous deviez vous écarter de votre plan initial, prévoyez simplement du temps pour vous ajuster. Rien de sorcier. Parfois, ça demandera quelques heures de travail. D’autres fois, ça fera carrément exploser votre plan d’origine et tout devra être recommencé. Mais, eh. Ça fait partie des tâches de l’écrivain.
Des exemples de plans
Dans mon guide Comment écrire plus, sous le titre Truc 16 : Faire un plan, je vous montre comment je fais mes propres plans dans le logiciel Scrivener. N’hésitez pas à vous inspirer de ces exemples pour vos projets!
D’ailleurs, si vous aimez la vidéo, sachez que j’ai discuté des plans en profondeur avec Patrice Cazeault dans un Facebook Live spécial intitulé Comment faire un plan de roman? (disponible en rediffusion sur YouTube en cliquant sur le lien). On vous montre comment nous réalisons nos plans respectifs, dans Word et dans Scrivener, avec partage d’écran à l’appui. Vous en tirerez certainement quelques trucs intéressants.
Quand vous aurez décidé si votre projet demande ou pas un plan, il vous faudra ensuite vous questionner sur le type de narrateur que vous souhaitez utiliser.
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