Conversation typique à une table de signatures :
— [Échange de salutations] … et voici les romans que j’écris (dis-je, en pointant les livres qui sont étendus devant moi).
— Ah! Attends un peu… C’est toi qui as écrit tout ça?
— Oui, c’est moi.
— C’est vraiment, vraiment toi qui as écrit tout ça?
— Oui, c’est vraiment moi.
Ça arrive souvent que les gens me prennent pour l’employé d’une librairie plutôt que d’un auteur. Les écrivains sont habituellement beaucoup plus âgés que moi. J’ai 25 ans et j’en ai l’air de 20 quand je me fais la barbe. Vous le comprendrez : un jeunot avec trois romans étalés devant lui, ça provoque des haussements de sourcils.
La solution? Je dois faire imprimer un papier 8½ x 11 où l’on voit ma frimousse, avec les mots « Dominic Bellavance, écrivain » en grosses lettres. Alors, je suis à ma table, avec ma photo juste à côté de moi…
La situation idéale pour qu’on me confonde avec un idiot narcissique.
L’autre solution est plus simple : me garder une barbe de trois jours, ce qui me vieillit un tantinet et, par conséquent, me donne de la crédibilité. Mais avec mes poils qui ont tendance à courber, ça me cause d’affreuses démangeaisons. Je dois donc choisir entre avoir l’air d’une tête enflée… ou souffrir.
Heureusement, mon trente-cinquième anniversaire viendra régler ça.