J’ai pris de l’avance dans mes projets

Je viens de consulter mes prédictions pour 2009 et je réalise que j’ai pris de l’avance. Dans les deux dernières semaines, j’ai :

  • révisé Sintara et le Scarabée de Mechaeom (le titre pourrait changer);
  • terminé le premier jet de Toi et moi, it’s complicated;
  • reçu un refus pour Caressez-moi;
  • complété une demande de subvention pour Reconquêtes;

Comme les révisions d’Alégracia et le Dernier Assaut sont complétées pour moi, il ne me reste plus de travail concret en écriture. Je suis sur le chômage littéraire!

Non, pas vrai. C’est jamais vrai, ça.

Il me reste encore des petites tâches à terminer. Je pense en premier aux paratextes d’Alégracia et le Dernier Assaut. C’est quoi, un paratexte? Ce sont les textes qui accompagnent le livre mais qui ne font pas nécessairement partie de l’histoire. Dans mon cas, je dois préparer :

  • le quatrième de couverture (complété à 95 %);
  • ma biographie à jour;
  • mes remerciements;
  • la distribution des personnages; et
  • le résumé du tome précédent.

Quand j’aurai fini, je m’attaquerai au plan de Reconquêtes. Je me demande encore de quelle façon je vais aborder l’histoire, surtout en ce qui concerne le public cible.

J’en reparlerai dans un prochain billet.

Écrire sans distraction

Sur son blogue, Gabriel Rodrigue pointe vers un lien intéressant où Cory Doctorow nous montre ses trucs pour éviter d’être distrait durant ses séances d’écriture. À lire absolument pour ceux qui, comme moi, ont de la difficulté à garder leur concentration.

J’ai particulièrement aimé le truc où il propose de terminer son écriture en plein milieu d’une phrase. Je vais l’essayer, celui-là.

Ça m’a aussi fait découvrir l’une de mes principales lacunes : je n’ai pas d’horaire particulier pour m’adonner à la rédaction. Du fait, comme je n’ai aucune balise qui délimite ma vie personnelle avec la professionnelle, j’ai toujours l’impression de travailler. Une bonne idée serait peut-être de consacrer l’avant-midi à l’écriture, réserver l’après-midi pour la promotion, la paperasse et la formation sans jamais toucher à mon texte.

Ça aussi, il faudrait que j’essaie.

L’ambition de l’écriture (3): Quand les mots n’existent plus

Certaines journées, comme aujourd’hui, je m’installe, tout souriant, devant mon ordinateur, et je l’ouvre, heureux à l’idée de consacrer tout mon temps à écrire pour la journée. J’ai une bonne idée de ce que je vais écrire aujoud’hui (car j’ai écrit la veille, et que je veux simplement compléter la scène amorcée). Sauf que… Rien. Je suis incapable d’écrire. Les mots, qui si souvent défilent à une vitesse tellement folle que j’en développe des crampes dans les mains, n’existent plus. Pourtant, mes idées sont claires, je ne souffre pas d’un mal de tête, je sais où je veux amener mes personnages à très court terme, je connais le dénouement de la scène que je travaille… Mais rien!  Je me suis étiré, j’ai brossé mes dents, pris ma douche, déjeuner, mis de la musique… j’ai changé de pièce (l’avantage d’avoir un ordi portable), fermé les lumières, ouvert les rideaux, changé de musique, grignotter des fruits, bu de l’eau très froide. Relu ce que j’ai écrit la veille.

RIEN!

Les mots refusent de sortir, de s’installer confortablement dans le fichier informatique, bien calés contre leurs homologues de la veille qui ont si gentiment accepté de former des phrases que je n’ai pas trop envie de décapiter ce matin. La situation est parfaite, pourtant: j’aime entendre le vent siffler contre la fenêtre et rêvasser entre deux phrases en regardant la neige qui tourbillonne.

Pourtant, il est maintenant midi, et j’ai écrit à peine 100 mots en presque deux heures.

Peut-être que je souffre d’un trouble relié à la page blanche. Peut-être que mon plan n’est pas assez détaillé et que, plutôt que d’être capable d’écrire, de se placer en mode « écriture », mon cerveau se concentre sur la planification, tentant de planter les jalons qui mèneront à la fin de la scène, et qu’au moment où il sera prêt, il lancera les bons signaux à mes doigts, leur permettant de voler sur le clavier pour enfin taper les mille mots quotidiens.

C’est difficile pour moi de travailler avec un plan trop détaillé. J’aime bien me laisser porter par l’histoire, par les personnages. Parfois je tape une réplique qui me fait changer complètement ce que j’avais prévu, parce que je me dis que si c’est cette réplique que j’ai écrite, et pas une autre, c’est que le personnage s’en va dans cette direction. Et s’il y va, c’est que je l’ai créé pour qu’il se déplace dans cette direction, même si ce n’est pas celle que j’avais prévu.

Bien sûr, j’ai établi les arcs dramatiques principaux il y a longtemps. Je sais qu’il doit se passer telle ou telle chose dans le futur de mes personnages, à court terme et à long terme. Cependant, la planification détaillée des péripéties m’est impossible ou, du moins, difficile.

Alors parfois, quand je m’installe pour écrire, il ne se passe RIEN.

Toutefois, les journées comme aujourd’hui, je me dis que je devrais me concentrer sur autre chose en attendant que les mots reviennent. Car ce n’est pas vrai que les mots n’existent plus. Ils sont seulement trop occupés ailleurs, avec un autre auteur, et quand ils en auront terminé avec lui, ils reviendront.

M

PS: Pourquoi pas une nouvelle où le protagoniste détient la possibilité de voler les mots et les phrases de ses auteurs préférés, les privant d’inspiration, et en faisait son propre roman, éliminant du même coup la compétition en empêchant les autres d’écrire?

Prédictions pour 2009 (et grille de correction)

Je viens d’écrire ma rétrospective de l’année 2008, mais là, j’ai envie de faire l’inverse. Je vais fermer les yeux et consulter les étoiles pour prédire les évènements importants de 2009, dans ma carrière d’auteur. Palpitant, n’est-ce pas?

En décembre prochain, je serai en mesure de comparer le bilan final avec ces suppositions. J’ai même préparé une grille de correction à la fin du billet, pour que je puisse évaluer mon potentiel d’astrologue. J’espère au moins avoir la note de passage.

Notez que ces prédictions ne sont pas optimistes ni pessimistes. Je les appuie toutes sur mes expériences personnelles et j’essaie de me rapprocher le plus possible de la réalité. J’ai un honneur à défendre, après tout.

Vous êtes prêts?

Janvier 2009

J’entreprends les premières corrections de Sintara et le Scarabée de Mechæom. Je continue, entre-temps, d’écrire Toi et moi, it’s complicated.

Février 2009

Je participe au Salon du livre jeunesse de Longueuil. Je vends peu de livres, mais c’est mieux qu’à Montréal. Séance de signatures au Archambault de Québec (rue Saint-Jean). Je reçois deux refus pour Caressez-moi.

Je termine l’écriture de Toi et moi, it’s complicated. La maison d’édition ciblée hésite à publier le roman, mais après quelques arguments échangés par courriel, le livre est accepté et sera imprimé à l’automne.

Mars 2009

Salon du livre de Trois-Rivières. Les ventes sont excellentes. Comme mon Nova n’est pas encore prêt, nous ne pouvons malheureusement pas l’offrir aux lecteurs. Je reçois un refus pour Caressez-moi.

Je commence à rédiger le plan pour La Légende de Mechæom : Reconquêtes.

Avril 2009

Salon du livre de Québec. Nous sommes au kiosque des Messageries de Presse Benjamin. Jonathan et moi passons la majorité de notre temps derrière la table de vente. Le bilan est excellent, mais pas aussi reluisant qu’au Salon du livre du Saguenay.

Double lancement à Saint-Odilon-de-Cranbourne : Alégracia et le Dernier Assaut et Sintara et le Scarabée de Mechæom. Cent-trente personnes se rendent à l’événement.

Mai 2009

Salon du livre de l’Abitibi. Nous y sommes allés de justesse, puisque les Six Brumes et leurs auteurs manquaient de temps et d’argent pour participer à l’évènement. Je fais également une séance de signatures à l’Imaginaire.

Comme mon plan a atteint une longueur satisfaisante, je commence l’écriture de Reconquêtes.

Mon Nova n’est toujours pas en librairie.

Juin 2009

Un éditeur accepte enfin Caressez-moi, mais s’engage à publier le livre à condition que j’y applique des modifications importantes. Le titre est changé.

Juillet 2009

Je continue d’écrire, mais je passe la majorité de mon temps à lire et à profiter du soleil, chose que je n’ai pas faite en 2008.

Aout 2009

Je termine les révisions finales de Caressez-moi. Le livre sera publié au printemps 2010. Je participe à la réalisation de la page couverture et je refais complètement le visuel du site Web, pour qu’il corresponde au nouveau « look » du roman.

Septembre 2009

Je vais au Salon du livre du Saguenay. Encore une fois, c’est le meilleur salon de l’année.

Je commence l’écriture d’un nouveau roman court, avec les personnages de Toi et moi, it’s complicated.

Octobre 2009

Les Six Brumes songent à republier Alégracia sous un nouveau format, en utilisant un nouveau logo. Alégracia et les Xayiris vol. II est renommé Alégracia et l’Île-Argentée. J’apporte des modifications importantes aux trois premiers livres.

Nous participons au Salon du livre de l’Estrie. Nous y lançons Toi et moi, it’s complicated.

Novembre 2009

Je délaisse l’écriture de Reconquêtes pour me concentrer sur la révision des trois premiers tomes d’Alégracia.

Je vais au Salon du livre de Rimouski pour la première fois. Nous sommes également au Salon du livre de Montréal, mais au kiosque de Benjamin. Les ventes sont meilleures que l’an passé.

Décembre 2009

Je livre les corrections d’Alégracia et je reprends l’écriture de Reconquêtes. J’évalue que le premier jet sera terminé au début de l’hiver 2011, puisque je devrai passer une partie de 2010 à écrire la suite de Caressez-moi.

Voilà qui conclut mes prédictions.

Maintenant, je vous invite à jouer le jeu! Si vous avez un blogue, pourquoi ne pas publier vos prévisions pour l’année prochaine? Nous pourrons alors comparer nos « notes » en décembre 2009.

Grille de correction

Pour chaque prédiction :

1 point – La prédiction s’est réalisée comme prévu;
0,8 point – La prédiction s’est réalisée un mois plus tôt ou un mois plus tard;
0,6 point – La prédiction s’est réalisée deux mois plus tôt ou deux mois plus tard;
0,4 point – La prédiction s’est réalisée quelque part dans l’année;
0 point – La prédiction ne s’est pas réalisée;
La moitié des points – La prédiction s’est réalisée à moitié (si applicable).

Rétrospective 2008

J’ai déjà mis l’écriture en veille depuis quelques jours, question de me reposer un peu. Tout recommencera en début de janvier.

D’ici là, pourquoi ne pas faire une rétrospective de l’année 2008? (en hyper-abrégé, s’il vous plait)

Janvier 2008

Je termine les dernières révisions d’Alégracia et le Dernier Assaut. Tommy réalise le nouveau logo de la série, qui sera peut-être utilisé quelque part en 2009.

Février 2008

Je lance tiTexte.net. Le site connait un succès immédiat en Afrique.

Mars 2008

J’écris peu, mais je lis beaucoup. J’apprends qu’Alégracia et les Xayiris vol. II est finaliste pour les Prix Aurora Awards.

Avril 2008

Je participe au Salon du livre de Trois-Rivières. J’écris un chapitre supplémentaire pour Alégracia et le Dernier Assaut et, en même temps, j’applique les dernières corrections à ma nouvelle Silence et oubli pour Brins d’éternité.

Mai 2008

Congrès Boréal et Salon du livre de l’Abitibi. Je fais beaucoup d’heures de voiture ou d’autobus. Je reprends Caressez-moi exactement là où je l’avais laissé, un an plus tôt. À la Pocatière, je remets un diplôme Leader à mon protégé.

Juin 2008

Je déménage chez Mireille. J’ai maintenant un bureau où je ne dors pas. Des guerres d’idéologies éclatent sur tiTexte.net.

Juillet 2008

Je récolte les premiers commentaires de lecteurs pour Caressez-moi. On trouve le roman trop court.

Aout 2008

Je pars en vacances. Au retour, je m’isole en Beauce pendant une semaine et j’écris la fin de Caressez-moi.

Septembre 2008

Je participe au Salon du livre du Saguenay. Je lance le site Web de Caressez-moi et je soumets le manuscrit à des éditeurs. Je commence la couverture d’Alégracia et le Dernier Assaut.

Octobre 2008

J’entame l’écriture d’un Nova. Je participe au Salon du livre de l’Estrie. Comme mon emploi régulier me demande une présence plus soutenue, je mets l’écriture en pause. Diffusion Raffin est acheté par les Messageries de Presse Benjamin. Mes livres ne seront plus en librairies pour un bout de temps.

Novembre 2008

Je participe au Salon du livre de Montréal; le bilan est désastreux. Beaucoup de dépenses, peu de revenus. Je termine les corrections finales sur Alégracia et le Dernier Assaut. J’offre le livre en pré-commande.

Décembre 2008

Je termine et soumet mon Nova. Mes livres réapparaissent graduellement sur les tablettes des librairies.

Ça ressemble à ça!

Bonne année 2009, tout le monde! Fêtez ou reposez-vous bien!

L’ambition de l’écriture (2): Éclater les limites


Le livre est le format traditionnel de la littérature. Après tout, ne dit-on pas que Gutenberg, sur sa presse tout juste inventée, a imprimé la Bible comme premier produit? Pas un journal, ni une lettre, mais bien un livre ma foi assez épais. Si le livre demeure aujourd’hui le format privilégié par les éditeurs et les auteurs, certains osent produire dans des formats différents. En fait, le livre en tant qu’objet peut déjà se diversifier en quantité de formats différents, les principaux étant, dans le domaine de la fiction, le roman et le recueil. La différence entre les deux, vous la connaissez: le roman consiste en la relation d’une histoire d’une certaine longueur tandis que le recueil, qu’il soit de nouvelles, de poésie ou de pensées relève du collage, de la collection, et réunit plusieurs textes distincts, plus ou moins liés entre eux par le contexte, le style, la forme.

Pourtant… publier des livres est-il la seule façon de produire de la littérature? La réponse, bien sûr, est non. D’abord parce que certains livres s’éloignent des formes traditionnelles (de narration, de construction de l’histoire).  Pensons par exemple aux livres « dont vous êtes le héros », ces livres-jeux, hybrides entre le jeu de rôle et le roman proprement dit, où le lecteur choisit, parmi les options qui lui sont présentées, celles qu’il préfère, en espérant arriver au résultat correspondant à une « victoire ». Certains poussent le concept plus loin, insérant des fiches de personnages où les choix influencent la lecture, d’autres incluent de la recherche d’indices dans des images, l’utilisation de dés ou de fiches de pointage. Ici, le livre devient un outil de divertissement qui déborde du cadre de la littérature: on joue avec le livre, avec l’histoire même. Le lecteur devient auteur, l’espace d’un instant. Il dirige la destinée des personnages, dans un cadre défini, certes, mais il est Dieu pour quelques minutes, et partage ainsi le privilège de l’auteur. Et ce type de livre permet à l’auteur de raconter plusieurs histoires simultanées avec les mêmes personnages, donc d’éclater la limite linéaire du récit: en créant plusieurs destins qui concourent, l’auteur touche à un fantasme. Celui de ne pas avoir à choisir. Celui de pouvoir exploiter plusieurs idées qu’il aurait dû normalement rejeter.

Il y a ceux qui trichent, aussi. Qui produisent des romans interreliés qui peuvent se lire dans des ordres différents. Je me souviens d’une minisaga reliée aux Royaumes-Oubliés, dont le concept était qu’en débutant au premier roman, on pouvait ensuite passer au second ou au troisième, puis, selon le choix, on passait à l’un des suivants, pour aboutir au neuvième. Donc, on pouvait finalement lire quatre livres et avoir « terminé » la saga. Il était aussi possible de lire les livres de 1 à 9 dans l’ordre sans se casser la tête. Ici, le choix du lecteur est optionnel, ce qui fait que la petite série est à la fois un roman traditionnel et un livre-jeu, unissant donc deux formats normalement incompatibles.

Une autre forme qui éclate les limites est le feuilleton. Pourquoi? Parce que l’auteur doit produire sous pression, qu’il doit accrocher le lecteur à la fin de son épisode, mais qu’il doit aussi permettre à celui qui arrive après un moment d’embarquer dans la lecture sans heurts. Ici, le récit n’est plus sous forme de livre, mais habituellement publié sur un autre support à publication périodique (journal, revue). Certains des grands auteurs (Dumas, Dickens) ont publié en feuilleton. Ici aussi, il est possible d’avoir interaction entre le lecteur et l’auteur qui influence l’intrigue, sauf que l’interaction est plus directe: les lecteurs peuvent commenter et suggérer, et ainsi participer, indirectement, à la création finale. Au niveau de l’idéation, mais c’est quand même une autre limite entre le créateur et le consommateur qui s’estompe. Bien sûr, on peut tricher, comme Stephen King l’a fait (selon certaines sources) avec sa Ligne Verte, en publiant un feuilleton en livres tout en ayant tout écrit d’avance. C’est aussi le fonctionnement de la collection Epizzod, de la Courte Échelle: le jeu du feuilleton est intéressant, mais ici il n’est qu’à sens unique. L’histoire est conceptualisée d’avance. Ce qui n’empêche pas que l’idée d’offrir un nouveau petit livre aux deux semaines est intéressante.

En fait, la version moderne du feuilleton serait peut-être la série de romans: avec un certain espacement entre les parutions, il y a plus de chance d’interactivité entre l’auteur et les lecteurs, particulièrement avec Internet. Les forums, listes de discussion, blogues, courriels, groupes sociaux de type Facebook… c’est plus facile de rejoindre un auteur présentement que jamais. La prochaine étape sera la télépathie avec notre auteur favori! Bref, les lecteurs peuvent participer à la création des séries, en soumettant des idées qui peuvent aider l’auteur à développer la suite des péripéties et enjeux qu’il veut présenter. Quoique finalement, l’interaction existait déjà: je pense à Marion Zimmer Bradley, qui avait ouvert son univers de Ténébreuse aux lecteurs qui voulaient écrire des fanfics, allant même jusqu’à publier des collectifs des meilleures nouvelles. Étrangement, suite à un refus de publication de son éditeur (MZB contredisait, dans un manuscrit de roman, les péripéties racontées dans une nouvelle d’une fan publiée dans un recueil de nouvelles, l’éditeur soutenant qu’il ne pouvait publier deux versions totalement différentes d’un même événement), l’auteure décida que tout auteur de fanfic se ferait poursuivre en justice.

Jusqu’où peut-on aller pour faire éclater les limites? Une des réponses intéressantes provient de Marie Laberge et de son dernier projet: le roman épistolaire sous forme de vraies lettres envoyées par la poste aux lecteurs qui auront acheté le « forfait ». Ce qui est intéressant, ici, c’est que les lecteurs ne recevront pas nécessairement tous la même lettre: une discrimination majeure est celle basée sur le sexe. Les hommes et les femmes liront des témoignages différents. À quel point, je ne sais pas, mais l’idée est intéressante, et représente une limite que j’aimerais beaucoup explorer, même si je n’ai aucune idée de la faisabilité de la chose…

Quelle est cette idée? La publication mensongère. Sous l’apparence de raconter une histoire, en raconter plus d’une. Produire un livre en différentes versions: dans certains, la fille crève, dans d’autres, non. Dans certains le père était alcoolique, dans d’autres il est mort frappé par une voiture. Changer des détails comme ça. Jouer avec le lecteur, se foutre un peu de sa gueule, éclater la limite qui nous fait avoir confiance au narrateur. Après tout, il pourrait mentir, celui-là. J’imagine déjà les gens qui jasent de la suite, et qui réalisent qu’ils n’ont pas lu exactement le même livre. « Je me demande si son père alcoolo va revenir briser sa vie. » « Mais de quoi tu parles? Son père est mort quand il avait 4 ans. » « Vous êtes fous, tous les deux. Son père porte maintenant un costume noir et il respire fort, en répétant, face à la fenêtre de l’asile, qu’il est le père de Luc. »

Me reste juste à trouver un éditeur assez mongol pour me supporter dans ce projet!