Mes meilleurs dessins datent de 2002

À cette époque, l’écriture (et tout autre travail artistique) était pour moi un passe-temps plutôt qu’un véritable métier. Je travaillais 8 heures durant le soir, je dormais et, en me réveillant — pas de stress — je m’assoyais à ma table à dessin et j’ajoutais un bras à mon personnage.

Puis je recommençais le lendemain, avec la même routine. (évidemment, je n’ajoutais pas toujours un bras, sinon mes romans seraient composés majoritairement d’HOMMES-PIEUVRES)

Aujourd’hui, quand je dessine, je me mets en tête qu’il faut absolument être productif. « Mon dessin va servir à quoi? » « Est-ce que c’est pertinent? » « Combien d’heures d’écriture dois-je sacrifier pour réaliser cette illustration? »

Avec cette pression, j’ai tendance à dessiner un peu vite et le résultat est souvent… mauvais. Allez sur Alégracia.com et naviguez dans les illustrations. Vous le verrez par vous-même : celles qui sont datées de 2002 (et avant) sont souvent les meilleures.

Cela dit, je vais bientôt réaliser mes premières esquisses pour les personnages de Reconquêtes. Je n’ai pas de pression, je ne veux pas m’en mettre. Je veux retrouver ma « fougue » de jeunesse et m’amuser en dessinant; pas juste produire une image et la plaquer sur un site Web. Je veux surtout me faire plaisir… et voir si on peut perdre la main, avec le temps.

Créer et détruire (1)

Tout d’abord, je dois remercier Dominic pour cette charmante idée que de m’inviter, le temps de quelques billets, sur son blogue. Le concept d’invité du mois est très intéressant, et pour être tout à fait franc, je suis plutôt flatté que Dominic ait pensé à moi. D’ailleurs, peut-être devrais-je sommairement me présenter avant d’aller plus loin : je m’appelle Guillaume Voisine, j’habite à Montréal, je suis écrivain (uniquement de nouvelles, pour l’instant) et je dirige depuis 2006 Brins d’éternité, une revue littéraire exclusivement consacrée aux littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantastique, fantasy). Je suis actuellement inscrit à ma deuxième session de maîtrise en études littéraires, profil création, à l’UQAM.

Ce petit résumé n’est pas innocent: il contient à peu près tout ce dont je parlerai ici au cours du prochain mois (sauf peut-être pour ce qui est d’habiter à Montréal. J’aime la ville, c’est tout). Il sera question de mon expérience d’écrivain, bien entendu, mais aussi de mon poste de directeur littéraire, qui me permet de considérer la pratique de l’écriture sous un autre angle. Finalement, je glisserai quelques mots à propos du milieu littéraire universitaire, particulièrement par rapport à la création, pour tenter de donner une idée claire à ceux et celles qui seraient tentés de suivre ce chemin d’études.

Mais alors, pourquoi ce titre, Créer et détruire? Certaines mauvaises langues diront que si « créer » se rapporte à ma vocation d’écrivain, « détruire » fait référence à mon poste de directeur littéraire, où je m’amuse à ruiner la vie des aspirants auteurs en étant très très méchant et en riant de façon sadique. Mais dans les faits, c’est plus compliqué que ça. Et je ne suis pas si tyrannique. Enfin, juste assez.

Créer, comme vous l’aurez deviné, c’est l’écriture, c’est l’art de construire un monde, de le peupler de personnages, d’y mettre en scène des aventures, des alliances et des trahisons. Bref, de donner naissance à un univers (qui peut ressembler au nôtre ou en être radicalement différent) et d’y insuffler la vie. Maintenant vous savez pourquoi la plupart des auteurs sont mégalomanes. Créer, aussi, de mon point de vue, se rapporte à mon travail de directeur littéraire, où je dois discuter, négocier avec d’autres écrivains pour m’efforcer de les pousser à améliorer leur texte, à approfondir leur réflexion sur le monde, sur leurs personnages, sur leur écriture.

Et détruire?

Écrire, n’est-ce pas aussi écrire, prendre un bloc de mots et le façonner jusqu’à ce qu’il prenne la forme désirée, rejetant, au cours de l’opération, quelques mots, quelques phrases, quelques paragraphes, parfois.

Élaborer un univers, c’est en forger les continents, mais aussi les faire sombrer dans l’océan; c’est en écrire la genèse, mais aussi l’apocalypse; c’est inventer des cultures, des races, des sociétés au profit de d’autres, qui auraient pu voir le jour sous la plume, mais qui ont été rayés, à un moment où à un autre, pour une raison ou pour une autre.

Faire vivre ses personnages, en découvrir la psychologie, c’est aussi éliminer ceux qui ne cadrent plus avec l’intrigue, avec l’histoire que l’on veut écrire. Il n’y a pas de mal à ça: c’est tout à fait normal. L’écrivain est un tueur en série (si, si).

Vous voyez où je veux en venir: pour moi, la destruction est, au même titre que la création, une étape du processus d’écriture. Créer et détruire, deux extrêmes: on pourrait dire, en fait, que l’écriture est la tension entre ces deux pôles, mais ce serait peut-être un peu trop universitaire (on ne se refait pas).

Peu importe la façon dont on formule ça, finalement, c’est à travers ces deux idées complémentaires que je conçois la littérature, que je la pense, que je la vis.

Retouches sur Alégracia.com et questionnement

J’ai modifié Alégracia.com pour lui donner les couleurs du dernier tome (pas grand chose, en fait, seulement la modification du bandeau.)

Je me demande, du même coup, si je devrais refaire le site au complet. Si je le programmais en PHP, j’économiserais un coquet 80 $ d’hébergement Web puisque je pourrais le relocaliser sur le serveur de tiTexte.net. Mais tant qu’il est écrit en ASP VBScript, je suis condamné à rester sur un serveur Windows et je dois continuer de payer deux hébergements séparés.

Technicités à part, j’aimerais bien le recommencer en y appliquant certaines modifications :

  • Lui donner un « look » plus universel, qui s’agencerait bien avec les prochains livres que je vais écrire dans cet univers;
  • Mieux organiser la section des évènements;
  • Mettre plus d’emphase sur les illustrations. Ne pas nécessairement les classer par livre;
  • Intégrer ma boutique virtuelle dans la section des livres (pour qu’ainsi Alégracia Boutique ne soit plus un site « à part » mais fasse partie intégrante d’Alégracia.com);
  • Supprimer les sections presse et suppléments (personne ne les consulte de toute façon);
  • Réaliser un site qui interpèle davantage les fans (le site actuel cherche surtout à conquérir de nouveaux lecteurs);

Tout ça demanderait de nombreuses heures de programmation et de design. Est-ce que j’ai le temps? Oui. Est-ce que j’en ai envie? Hmm… peut-être.

J’y réfléchis.

Méthode créative : les simulations d’entrevues

J’essaie souvent de trouver des méthodes plus amusantes, pour élaborer mon univers, que seulement énumérer des choses ou des faits.

Quoi de plus plate que de se créer un fichier Word et le nommer tel_village.doc, et y décharger toute l’information relative à Tel Village.

Ça ressemblerait à ça :

Tel Village est composé de X habitants. Le monde vit de telle façon. Ils s’habillent de telle façon. Ils survivent en travaillant dans tels ateliers. Ils se nourissent avec du gruau au ketchup. Bla bla bla… et bla.

Garocher de l’information sur papier, ça ne stimule pas les neurones.

J’ai donc opté pour une nouvelle approche, dans l’élaboration de mon plan pour Reconquêtes.

Au lieu de segmenter mon information par lieu, comme je fais habituellement (ie. décrire un pays, puis les villages, puis les lieux géographiques), je vais y aller par thèmes.

Je vais commencer par la mode et les costumes.

Pour trouver comment le monde dans Reconquêtes va s’habiller, j’ai engagé une designer nommée Paule Delphine, qui a déjà travaillé sur plein d’autres livres excitants. Elle est française, est un peu snob mais sympathique quand même. Le plus important : elle adore l’univers de Reconquêtes. Elle a trippé sur la série Alégracia et elle veut que le prochain livre dans cet univers botte des culs. Et comme je la paie très cher, elle va me designer des costumes superbes.

Évidemment, Paule Delphine est fictive.

Mais ce n’est pas grave! Ça ne m’empêche pas de l’interviewer, dans un long document Word, pour savoir ce qu’elle prépare pour les personnages de Reconquêtes. Elle va penser à tous les détails comme les influences du passé, la profonde signification des couleurs, l’ergonomie, etc., et surtout les aspects que moi, Dominic Bellavance, qui ne connait rien à la mode, n’aurait même pas osé imaginé.

Pourquoi? Parce qu’en étant écrivain, je suis capable de me mettre dans la peau des gens qui ont des passions différentes des miennes. C’est le « pouvoir spécial » de tous les auteurs, alors, je me le demande : pourquoi se limiter seulement à la vraie écriture pour utiliser ce « pouvoir spécial »? Servons-nous-en pour le plan!

OK, j’ai ma méthode a peut-être l’air marginale, mais je suis certain à 100 % que ça va fonctionner.

Et c’est beaucoup plus amusant que d’énumérer des trucs.

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Choisir sa maison d’édition, c’est choisir son public cible

Pour qui écris-je?

C’est une question que tout auteur avec une démarche sérieuse doit se poser avant de commencer à étendre ses mots sur le papier.

Par démarche sérieuse, j’entends : un auteur qui veut publier. L’écrivain qui écrit pour le plaisir n’a pas vraiment à y répondre. Ça va de soi, il écrit pour lui. Mais aussitôt qu’on pense à publier, on écrit pour les autres.

La question n’implique pas seulement le lectorat. Il faut inclure l’éditeur dans l’équation.

Prenons mon nouveau projet : Reconquêtes. Ce sera une histoire de fantasy qui risque d’être étoffée. Je dois savoir comment aborder l’histoire et, pour cela, je pense lectorat et surtout éditeur : à qui veux-je l’envoyer?

Comparons les méthodes d’écriture que j’emploierais avec deux maisons d’éditions très différentes : Alire et les Intouchables.

Alire est une maison d’édition adulte. Aucun roman jeunesse n’est accepté. Leur directeur littéraire est, semble-t-il, très pointilleux.

Avec l’objectif de publier là-bas, mon roman :

  • serait long;
  • comporterait beaucoup de description;
  • aurait un univers très très très élaboré;
  • aurait peu de dialogues;
  • devra présenter une qualité littéraire irréprochable.

D’un autre côté, si je voulais publier chez les Intouchables, j’aborderais Reconquêtes d’une façon très différente. Mon histoire :

  • serait divisée en plusieurs livres;
  • privilégierais l’action sur l’atmosphère;
  • présenterait un univers élaboré, mais pas trop, pour laisser place à l’action;
  • aurait beaucoup de dialogues;
  • comporterait des phrases relativement simples.

Pourquoi je sais ça? Parce que j’ai lu beaucoup de romans qui proviennent de ces deux maisons d’édition. Ces aspects sont presque toujours redondants dans leurs livres.

Donc, avant de commencer Reconquêtes, je dois me poser la question qui tue : pour qui écris-je?

Pour quelle maison d’édition?

Bien entendu, les choix abondent. C’est difficile de s’y retrouver dans cette jungle.