Duh!

On m’a fait savoir que mon article du 23 juin pouvait paraitre prétentieux. Effectivement, la formulation de mes intentions portait à confusion. Je n’avais pas l’intention d’éduquer les gens à grands coups de règle. Je désirais plutôt analyser l’Internet pour découvrir comment les blogues populaires se démarquaient des autres. C’était un projet de recherche.

Comme on dit : « Ben coudonc ».

Je continuerai cette étude… en privé.

Le principe de la jachère

Être romancier à temps plein comporte sa dose de risque.

J’en suis à mon deuxième mois. J’écris entre 800 et 1200 mots par jour, ce qui n’est pas si mal. Dans le livre Écriture, Stephen King explique qu’il en produit 2000 quotidiennement. La différence, c’est qu’il rédige tout durant l’avant-midi. Moi, je dois caresser mon clavier le matin, l’après-midi et parfois le soir.

Au bout de deux heures ininterrompues, la fatigue s’attaque à mes neurones. Je dois prendre des pauses et quand je reviens, je m’enfonce la tête dans les couvertures du lit en restant assis sur ma chaise (oui, je réfléchis maintenant comme une autruche).

Ce symptôme empire avec le temps. Après deux mois d’isolation, la crasse s’accumule dans mon cerveau. J’ai envie de voir du monde, de m’aérer l’esprit. Je veux nettoyer tout ça et recommencer avec des idées propres.

Pour remédier au problème, j’adhère au principe de la jachère. Je commence à travailler au CHUL dès demain. Deux jours par semaine. Ça va me permettre de décrocher un peu et de réduire mes angoisses budgétaires.

Je crois même que ce sera bénéfique pour l’écriture.

Pute adj.

« Qui n’hésite pas à s’abaisser pour arriver à ses fins. »

C’est la définition no. 3 du mot pute que l’on retrouve dans le Robert. Je m’en rapproche un peu, côté professionnel, on s’entend.

Mais dans tout ça, que signifie « abaisser »?

Dans mon cas, sans définir clairement l’expression, je la relierais au marketing.

Je sais faire la distinction entre écrire des histoires et les vendre. Aucun problème là-dessus. Quand je m’assois devant mon ordinateur, je navigue dans mon univers en compagnie de personnages et d’intrigues. La porte est fermée pour le reste. Pas question de réfléchir à des stratégies de vente pendant que je rédige un dialogue. Ces idées causeraient de l’interférence.

Modifier mon œuvre pour vendre plus serait, à mes yeux, une forme de corruption. Je ne « m’abaisse » donc pas là.

Néanmoins, quand mes livres se retrouvent en librairie, je veux qu’ils trouvent preneurs. En moyenne, un roman au Québec vend 350 copies avant de se retrouver au pilon. Y’a rien là? Non! C’est catastrophique! Cela signifie que, sur un tirage de 1000, les subventions gouvernementales permettent à 650 copie d’aller au recyclage, et ce, sans générer le moindre regret chez l’éditeur!

Quoi faire pour éviter le désastre? L’écrivain doit gaspiller son temps pour faire du marketing. Il se rapproche de l’état de pute.

J’adore faire des séances de signatures. Rencontrer mes lecteurs durant les salons du livre me motive au plus haut point. Cependant, l’auteur méconnu doit faire BEAUCOUP plus. Il doit entretenir un site web, se battre avec les médias, téléphoner aux librairies, organiser des lancements, se payer des publicités AdWords…

Transférez le temps investi dans la pute pour enrichir l’écrivain. Vous obtenez quoi?

Jacques Poulin.

Je voudrais devenir Jacques Poulin.

Une nouille de plus dans votre soupe :D

Vous auriez pu lire autre chose. VRAIMENT autre chose. Au lieu de démarrer Tu verras, clavier, j’ai failli ouvrir un blogue fictif où Miguel, un gigolo avec un trop plein d’émotions, aurait raconté ses aventures à travers les chambres d’hôtel de Québec.

Imaginez un peu…

Non, finalement, arrêtez ça. C’est malpropre.

Au départ, je pensais m’ouvrir un blogue pour raconter les péripéties dans le métier d’écrivain. Et là, je me suis dit : « Écrivain! Quoooi de plus plate?! ». Je comparais le projet aux blogues célèbres comme Mère indigne ou à Un taxi la nuit, où les narrateurs vivent de trépidantes aventures pour nourrir leur prose. Mais les écrivains, eux? Ils restent assis en face de leur ordinateur, du matin jusqu’au soir, en compagnie d’amis imaginaires.

L’idée de Miguel m’est alors venue. Avec un sourire en coin.

C’était un signe de lâcheté.

Je me suis souvenu de mon cours d’Écriture de fiction II, où un élève m’avait demandé (en cachant la note de son texte) comment on écrit une bonne histoire. Sachant qu’il revenait de pause et qu’il avait encore de l’eau autour de la bouche, je lui ai répondu, un peu naïvement :

« L’écrivain idéal, selon moi, me raconterait sa promenade vers l’abreuvoir et me tiendrait en haleine jusqu’à la fin. »

La semaine d’ensuite, il a relevé le défi. Je n’en revenais pas. Son texte était excellent et je voulais même connaitre la suite. C’est en me rappelant ce fait cocasse que je me suis dit : « OK Miguel, je n’ai pas besoin de toi ».

En démarrant ce blogue, je m’aventure sur un terrain épineux. Mes écrits iront se classer dans l’une de ces catégories : les blogues palpitants où l’auteur semble mener une vie rocambolesque (et dont tous les lecteurs envient le rythme débridé du quotidien) et les journaux banals où, à quelque part, on sent que l’auteur souffre d’un manque d’attention. Avouez-le. Il n’existe que ces deux extrêmes.

Maintenant, allez-y. Ajoutez ce blogue dans vos favoris, abonnez-vous au fil RSS, laissez des commentaires. Si vous êtes fins, j’écrirai peut-être, un jour, une aventure de ce cher Miguel.