Ce billet est essentiellement écrit en réponse à celui de Gabrielle Syreeni (et par la bande, à celui d’Isabelle Lauzon). Gabrielle réalisait que l’effervescence de la blogosphère liée à la SFFQ s’éteignait au fil des années. Et je dois avouer avoir fait la même constatation récemment.

C’était l’automne dernier. Je disais à Mireille : « Coudonc! Pus personne commente sur les blogues! » Et on a discuté du phénomène pendant quelques minutes. On en est venus à la conclusion que les gens commentaient encore, mais ils le faisaient ailleurs, soit sur Facebook.

Ça m’a rappelé comment l’internet s’est transformé depuis que j’ai commencé à bloguer en 2007.  Ce site était alors mon seul canal de diffusion. Chaque fois que j’avais quelque chose à exprimer en ligne, que ce soit lié à l’écriture, à ma vie personnelle, à une critique littéraire ou à une réflexion quelconque, ça se passait ici.

Depuis, ça a bien changé.

La multiplication des plateformes de diffusion

Aujourd’hui, de nombreux réseaux sont venus s’ajouter à la blogosphère.

Quand les nouvelles applications arrivent dans le décor, j’aime bien les essayer et voir ce que je peux faire avec. Souvent, je les rejette, parfois, je les adopte.

À mesure que je me suis acoquiné avec de nouveaux outils et plateformes de diffusion, j’avais moins de « nourriture » à donner à mon blogue (imaginez toutes ces applications comme des oisillons dans un nid, avec les becs grands ouverts).

Alors qu’avant, tous mes textes et images passaient par mon blogue, voici où sont destinées mes différentes publications en 2016 (les réseaux sont classés en ordre d’importance sur chaque ligne) :

  • Critique littéraire (extrêmement courte) : Goodreads
  • Vie personnelle : Facebook, Instagram, Infolettre, Blogue, Twitter
  • Vie professionnelle : Blogue, Infolettre, Twitter, Facebook, Instagram
  • Textes longs (peu importe le sujet) : Blogue, Infolettre

On peut donc voir que les textes sur ma vie personnelle ont largement été déplacés vers Facebook, par exemple. Et ça s’explique facilement. Les commentateurs sont maintenant sur Facebook, et je sais que, là-dessus, je peux publier un « statut » très court qui va me demander peu de temps, et que l’essentiel du message va se développer dans les commentaires.

C’est aussi sur Facebook que gravitent les gens dans ma vie personnelle. Ça suit cette logique.

La nouvelle vocation de ce blogue-ci

Avec mes messages disséminés à plusieurs endroits sur le web, c’est normal qu’il en reste moins pour mon blogue.  Ne vous méprenez pas : j’adore cette plateforme et j’ai l’intention de la nourrir encore longtemps. Seulement, il y a eu mutation au fil des années. C’est maintenant l’endroit où je diffuse principalement des informations sur ma vie professionnelle d’écrivain.

Du même coup, ça a changé le type de lectorat que je veux cultiver ici.

Maintenant, je veux essentiellement y parler de mon travail d’auteur. Je veux être le plus précis possible, car j’aborde le côté pragmatique de l’écriture, j’expose des trucs que j’ai développés au fil des années. Conséquemment, mes livres et projets en cours sont souvent mentionnés dans mes articles.

C’est ça, la nouvelle version de mon blogue en 2016.

Certains voient ça comme de l’autopromotion éhontée. Et ça les énerve.

Je peux comprendre pourquoi quelques lecteurs ressentent cet effet. Mais la vérité est que je ne veux pas d’un lectorat qui se dit : « Regarde… Bellavance parle encore de ses publications… » Je veux un lectorat composé de fans qui tripent, qui veulent en savoir plus sur ce qui se passe dans mon bunker et qui attendent le prochain billet avec impatience. C’est précisément ce public-là que je veux cultiver, même si c’est au détriment de l’autre. (Et, message à mes collègues auteurs : c’est aussi ce que je veux lire sur VOS blogues!)

Mes billets ne sont jamais de simples panneaux publicitaires qui disent : « Achetez mes livres! » (sauf si c’est le jour où une nouvelle publication paraît, ou qu’une promotion est en cours). Je m’efforce toujours d’y inclure de l’information intéressante et utile.

Si à travers ça, on n’arrive qu’à voir l’autopromotion, je n’ai qu’un seul conseil à donner : allez faire un tour ailleurs sur le web. Ce ne sera pas dramatique, vous me trouvez déjà énervant. Votre vie n’en sera qu’améliorée.

La perte de vitesse du blogue dans le milieu de la SFFQ

Il y a un autre facteur – beaucoup plus terre-à-terre – qui explique cette perte de vitesse sur la blogosphère.

Écrire des billets, ça demande du temps. Moi, ça me prend minimum 1 heure si je veux produire un article lisible qui n’est pas bourré de fautes.

Dans une journée de travail, typiquement, j’ai 6 heures. Je les partage entre mes activités de création littéraire et de rédaction professionnelle.

Si je prends 1 heure pour écrire un billet de blogue, je dois couper du temps dans l’une ou l’autre de ces activités, qui ont, pour moi, beaucoup plus d’importance.

S’il y a une chose que les écrivains réalisent généralement lorsqu’ils se professionnalisent, c’est que pour produire des livres, il faut s’asseoir et travailler. Et éliminer toute forme de procrastination. Et un blogue, c’est souvent de la procrastination (sauf si le blogue est une finalité pour le travail de l’écrivain, mais ce n’est pas mon cas).

Il ne faut donc pas se surprendre que les blogues perdent de la vitesse à mesure que les auteurs apprennent à mieux gérer leur temps. Isabelle Lauzon a fait cette constatation dans son billet, et ça me surprendrait pas que d’autres écrivains, s’ils répondent à leur tour, en arrivent à la même conclusion.

C’était mon grain de seul à ajouter à la discussion (et comme c’est un texte long, je l’ai diffusé sur mon blogue – et il m’a pris une une heure et quart à écrire).

L’état de la blogosphère (et de ce blogue) en 2016
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7 avis sur « L’état de la blogosphère (et de ce blogue) en 2016 »

  • 9 mai 2016 à 10:58
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    Hum… Bon, ben, je vais répondre dans mon billet de mercredi je crois bien! ;)

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  • 9 mai 2016 à 16:29
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    Et moi qui viens tout juste de commencer dans le domaine du blogue…!
    C’est vrai ce que tu dis et je le réalise, je dois y investir une partie de mon temps consacré à l’écriture, et encore plus lorsque mon article est issu de recherches. Pour ma part, si je me suis lancée dans cette idée de blogue, c’était avant tout pour partager avec les autres: mes trucs d’écriture, cette passion, mes découvertes sur le sujet, et oui, moi aussi je parle de mes écrits! (on a bien le droit, c’est notre blogue après tout!) Je crois que mon entourage immédiat commençait à en avoir assez de mes discours animés sur l’écriture de ma trilogie;) Avec mon blogue, je ne ressens plus autant le besoin de les harceler sur cette passion et c’est maintenant même eux qui m’en parlent!
    Alors finalement, je ne sais pas si mon blogue vivra longtemps, mais je ne regrette rien de cette belle et enrichissante expérience! :)

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    • 10 mai 2016 à 8:18
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      Effectivement, le blogue peut être une manière plus « indirecte » de donner des nouvelles à ceux qui ne sont pas dans le domaine : la famille, les amis. C’est une belle façon de voir la chose, et c’est pareil pour moi.

  • 10 mai 2016 à 10:45
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    Je suis bien d’accord avec toi, Dominic. Depuis que j’ai récupéré Internet chez moi, en décembre, j’ai fait un bilan de mes activités d’écriture et j’ai constaté que je me donnais vraiment à fond pour Tout en Syreeni (mon blogue) et vraiment des miettes à mes projets d’écriture! Oups! Et mon blogue, j’aimerais bien qu’il soit rentable, mais ce n’est pas le cas non plus. Je sais que je devrais m’ajuster.

    J’imagine que les blogueurs qui publient des billets presque 5 jours/semaine, 1) sont courts (300 mots et moins) et 2) rentables, parce que sinon, ils n’auraient pas de vie en dehors? o.O

    Je me sers de mon blogue aussi comme une forme d’autopromotion de mes vies d’artiste, conceptrice et auteure, et comme écho à ce que je lis, parfois, sur les autres blogues et ce qui arrivent dans l’actualité. Je trouve qu’un blogue est une façon bien plus agréable de se lier aux autres créateurs-blogueurs que par le biais de Facebook, parce que sur FB, nous sommes limités par un certain nombre d’amitiés-FB (ex. A : ce n’est pas tout le monde qui est sur FB. ex. B : je ne me vois pas devenir amie-FB avec un client d’un de mes Expozine), tandis que sur l’océan virtuel, les gens peuvent avoir accès à notre univers, sans barrières – sauf s’ils ne parlent pas français ou n’ont pas accès à Internet ou ne savent pas lire point.

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    • 10 mai 2016 à 11:06
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      C’est difficile d’évaluer quand est-ce qu’un blogue devient « rentable ». Pour ma part, j’ai déjà essayer d’insérer des pubs Adsense un peu partout. Ça marchait assez bien, je réussissais à faire quelques épiceries grâce à ça. Mais ça ralentissait énormément mon site et, avouons-le, les pubs étaient très accaparantes pour les lecteurs.

      Ça, c’était pour une vision uniquement pécuniaire de la chose.

      Aujourd’hui, mes objectifs sont classés dans cet ordre d’importance : 1) construire ma liste, 2) tenir mes lecteurs au courant de « ce qui se passe », 3) diriger mes lecteurs potentiels vers les publications susceptibles de les intéresser, et 4) donner au suivant en diffusant des trucs du métier. Si je réussis à recueillir des courriels pour ma liste, je vais alors dire que mon site est rentable, que ça vaut l’investissement (parce qu’il coûte cher…).

      C’est vrai que les blogues sont les plateformes idéales pour faire écho de l’actualité. Mais pour moi, c’est vraiment juste une question de temps. Si je me remettais à bloguer comme en 2008-2009, je devrais décaler mon calendrier de publications de plusieurs mois :(

      Pour le moment, cependant, je prévois donner une nouvelle vie à plusieurs de mes vieux articles. J’en parlerai dans le prochain billet (j’en ai déjà glissé un mot sur Facebook).

  • Ping :Remplissez votre bulletin de nomination pour les Prix Boréal/Aurora 2017 • Dominic Bellavance, écrivain

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